Par Ahmed Cherkaoui
Le destin d’Ahmed Cherkaoui bute accidentellement en 1967 à l’âge de 33 ans alors, qu’en pleine maturité de sa peinture, il semblait promis à l’aboutissement d’une œuvre des plus signifiantes, riches et autonomes de la confrontation dynamique de ses intérêts plastiques, nourris aussi bien par la tradition arabe et berbère que par les exigences d’une peinture moderne. Il meurt au coeur du débat Orient-Occident, identitaire, en traçant les voies du dépassement.
Avant d’entamer sa carrière de peintre, Ahmed Cherkaoui s’est d’abord formé au métier de graphiste à l’École des métiers d’art de Paris, où il est arrivé en 1956. Dans cette institution domine l’esprit de la fameuse école du Bauhaus. Alliant théorie et pratique, l’enseignement rejoint la conception des artistes du Bauhaus selon laquelle l’art doit répondre aux besoins de la société.
Cherkaoui intègre la section Arts graphiques où est enseignée la communication par l’image. Bien évidemment, sa maîtrise de la calligraphie arabe et son expérience en tant que peintre en lettres à Casablanca durant son adolescence vont lui être utiles pour acquérir une culture visuelle.
Sa pratique va ainsi tendre vers l’art abstrait, et va l’imposer comme un pionnier de la peinture moderne marocaine. Cherkaoui est sous l’influence de Paul Klee, Roger Bissière et Piet Mondrian, ainsi il va employer beaucoup de couleurs vives. Les gammes de couleurs utilisées par le peintre sont essentiellement les couleurs primaires associées aux tons chauds de l’orangé ou à l’ocre, ainsi qu’à des noirs profonds. Il va mêler ces couleurs à des symboles du monde berbère, à l’instar de la calligraphie arabe, des tatouages ou encore des poteries.
L’art de Cherkaoui est ainsi empreint de symbolisme, et d’un vocabulaire qui lui est propre, et cher. Ce vocabulaire est une manière pour l’artiste de mettre en avant ses pensées et sa créativité.
Les oeuvres présentées en vente aux enchères ne se vendent pas systématiquement. Les prix sont assez fluctuants, mais certains résultats laissent rêveurs. Ahmed Cherkaoui est entré, grâce à ses travaux, au Panthéon des peintres marocains majeurs. C’est la rareté de ses peintures abstraites sur le marché qui a fait bondir sa côte. Deux de ses peintures les plus chères ont été adjugées à la CMOOA pour 3,5 millions de dirhams chacune.
